Sable chaud.

Costal Quest avait décidé que cet après midi serait une après midi r e p o s. Il avait décidé ça hier, quand il s'était mis à chasser toute la journée un pauvre écureuil qui avait voler toute sa réserve secrète de petites bouteilles d'Ice Tea. Il marchait depuis une petite demi heure déjà, arpentant lentement le sentier qui menait à la plage. Il aurait bien aimé que la plage appartiennent au trèfles, et d'ailleurs il allait s'y attelé. Il aimait tellement faire fulminer la grosse Eiloupa. Il arriva enfin sur le sable chaud, laissant ses traces en u profondément ancrées dans le sable. Il avait la tête haute, humant l'air marin à plein poumons. Il adorait l'eau cela le revigorait. Arrivé au bout de la plage, il s'assit dans le sable, sous un cocotier, où une légère brise jouait avec ses crins noirs. Il ferma les yeux un instant, pour mieux apprécier ce moment de calme.

Je ris. Ne me demande pas pourquoi. Je ris, c'est tout. Arrête-toi un instant. Tu ne trouveras pas le bonheur que tu cherches dans ma voix. La seule chose que je t'offre, n'est que misère. Je viens d'ailleurs, je trace ma route. Ferme les yeux quand je passe devant toi, parasite. Tu le sais, je suis un fou. Sais-tu ce qui est le plus dangereux, chez un fou ? C'est quand celui-ci a des raisons valables et a pleinement conscience de ses actes. Il est impossible de le retenir, de le garder enfermer quelque part ; il sera toujours libre de faire ce qu'il désire au plus profond de lui-même. La violence est son alliée. As-tu peur ? Tu devrais. Je respire la douleur, sauve-toi, petite chose inutile.

Et je reviens à la réalité. Mon coeur est encore sous l'effet de la drogue. J'aime cette sensation. Pourquoi n'ai-je pas froid ? J'ouvre les yeux. Le bleu de la mer m'éclate les yeux. Du sable chaud me couvre les sabots. Un seul mot me bouffe l'esprit. Traitre. Traitre. Traitre. Traitre. Traitre. Traitre. Traitre. Je me lève d'une effrayante brutalité, un grognement chanceux arrive à s'échapper. De mauvaises impressions rôdent autour de moi. Alors je m'élance, le coeur vibrant, sous un air de Dubstep. C'est une journée comme les autres. Elle doit, être comme les autres. Inutile.

L'étalon gris ouvre un oeil. Il lui a sembler entendre comme un son étouffé. Il ouvre maintenant les deux yeux, ses pupilles se dilatent à une vitesse folle. A 150 mètres de lui, une forme blanche qu'il connaît bien se dessine, se lève. Plus trapu, plus costaud mais marqué de cicatrices, le corps de son frère Paranoyak Snow s'élance. L'entier ne bouge pas. Il n'aime pas se confronter à des problèmes quand il n'a pas été prévenu. Il soupire, se lève enfin. On ne pourra éviter la confrontation. Ni les coups peut être. Il pointe les oreilles vers ce corps victime de ses addictions. C'est ça aussi la surprise : dans quel état va t-il le trouver ? Il le connait bien son frère, malgré qu'ils ne se côtoient que très rarement, et il sait que cela fait bien longtemps qu'il ne sera plus jamais "normal". Bien campé sur ses membres, Costal décide de s'en griller un petite. Il sort la clope de son paquet, l'allume. Cela lui donne du courage, le détend. Il respire.

C'est quand je vois cet animal gris, que je me demande pourquoi je me suis révéillé, ce matin. L'adrénaline me fait vibrer les muscles, mon coeur aux battements irréguliers, j'ai comme une drôle de sensation. L'impression de tomber dans un vide irréel. Alors j'arrive face à lui, je m'arrête brusquement, faisant voler du sable autour de nous. Un sifflement mauvais s'échappe, je le défie du regard. Le dominant d'un troupeau qui ne signifiait plus rien à mes yeux. Le meneur des faibles, l'admiré des déséspérés. Le légendaire martyrisé, aux allures de saint. Mon.. frère. À cette pensée, un air de dégoût s'incrusta dans mes traits. Il sait très bien ce que je pense de lui. Et je sais très bien ce qu'il pense de moi.

L’étalon gris observe, analyse. Il respire lentement, ne se laissant en aucun cas subjugué par ses émotions. Son frère arrive avec sa robe blanche immaculée qui l'a tant rendu jaloux dans leur enfance. Il arrive enfin, créant un nuage de sable doré autour d'eux. Il lève les yeux, plongeant son regard dans le sien. Un regard torturé, pleins de reproches et de remords. La haine l'habite, c'est sans espoir. Mais il ne faut pas se laisser impressionné. D'un air détaché, il lui lance :

-Alors mon frère, comment te portes tu ?

Une phrase tout droit sortie du livre "devenez social : protocole de base". Au chapitre 1, leçon une : interressez vous à l'état moral de vos relations amicales et familiales.

Et il continue à appuyer sur le fait qu'il est mon frère. Et il ose me demander comme je vais. Je le fixe, sans rien dire. Un silence agréablement insupportable règne en cette atmosphère plus tendue que jamais. J'ai du temps à perdre. Oui, mais est-ce bon de le perdre avec un misérable de la sorte ? Eventuellement. C'est toujours bien de s'enrichir de conneries. « Hypocrite. » dis-je alors avec sarcasme. Il peut les garder, ses petites manières de garçon bien élevé. Je suis de son troupeau, oui, mais le coeur n'y est pas. Jamais, tant qu'il sera là. D'ailleurs, son titre de dominant n'est pas une raison de me soumettre à lui. Comme mon père, je ne suis soumis à personne. Alors, qu'il se dresse contre-moi, le petit. Je m'arrangerai à ce que sa mort soit un accident. Je suis fort. Je suis fou. Je vous dédie ma vendetta.

Ne surtout pas réagir. "Hypocrite", Costal soupire. Il ne sait pas trop ce qu'il pourrait faire de son frère. Il l'aime mais il a l'impression que 100 000 années lumière les sépare. Il est dépité. Il ne dit rien, se contente de le regarder d'un air désolé. Il secoua la tête.

-Pourquoi es tu constamment en colère ?

Costal s'était toujours demandé pourquoi son frère avait plongé de cette manière. Certes ils avaient eu une enfance malheureuse mais il fallait se relever, combattre. Costal aurait aimé savoir si il se portait bien. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air en forme avec son poil terne et en bataille, son regard de fou profond mais vitreux. Costal baissait la tête jusqu'au sol et renâcla bruyamment.

Je l'observe. Son comportement, ses mimiques, sa belle petite gueule angélique et son air savant me renvoient dans l'enfance. Ca me rend furieux. Il a toujours été le meilleur, celui dont on parlait le plus. C'est lui, qu'on préférait à moi. Evidémment, lui était le parfait petit ange, alors que moi, je restais la misérable créature suivant les pas de son père. Il était capable de beaucoup de choses, et était doté d'une intelligence supérieure à la mienne, faut-il croire. Mais lui, savait-il se battre ? Etait-il capable de supporter une injustice jusqu'à la fin de ses jours ? Avait-il assez de courage pour vivre avec du sang sur son corps couvert de cicatrices ? Avait-il assez souffert pour faire souffrir à son tour ? Etait-il réellement capable de dominer des machines de guerre ? Toute sa misérable vie ? Il faut croire que non ; à présent, observez ce qu'est devenu le troupeau, grâce à lui. Une meute de chiens errants, attendant avec déséspoir le moment où leur maître balancerait à leurs gueules de résignés, quelques morceaux de viande. Et la reconnaissance ne se ferait qu'avec quelques miaulements, le tout avec la queue entre les cuisses. Ainsi le clan du Coeur nous observera, en crachant ' Bravo la puissance ! '. Je ne le nierai pas, ils auraient bien raison de tenir de tels propos. Mon père ne le savait-il pas ? Ne le savait-il pas d'avance, que tout allait être perdu, avec un chaton à la tête d'une meute de loups ? Alors pourquoi, pourquoi l'avait-il choisi ? Pourquoi lui ? Pourquoi ce faible ?
« Je suis en colère, car mon frère n'est qu'une fillette lubrique, attendant sagement le moment où elle se fera troncher. »

[ Merci ]

Costal le regarda d'un air curieux. Comment son frère était-il devenu aussi mauvais ? Il se rappela encore quand ils étaient plus jeunes et qu'ils s'amusaient à terroriser les juments en imitant les hurlements des loups. Il eut un sourire en coin. Oui, il aimait son frère mais ne pouvait lui dire.

-Merci de cette sublime comparaison mon frère ...

Il ne fallait pas répondre, ni répliquer, même si Costal en crevait d'envie. Mais il le connaissait, et cela ne ferait qu'envenimer les choses. Il sortit une clope de son paquet, sachant que la nicotine était encore un des rares plaisirs communs au deux entiers, si ce n'était pas le seul. Il en tendit une à l'étalon blanc, plongeant son regard dans ses yeux fous. Il ne dit pas un mot, espérant une réaction un peu plus chaleureuse de son cher frère.

Je baisse les yeux et soupire, je crois sentir quelque part au fond de mon âme, une vague de désespoir. J'ai de la peine pour lui, vraiment. Dois-je le laisser ainsi ? Dois-je le laisser pourrir dans sa propre merde ? Je n'en sais rien, et je ne le saurai sûrement jamais. Les choses doivent changer à présent, je rêve de faire goûter à tous ces faibles ma colère. Quand à toi, mon frère, je te coincerai dans un tel dilemme que tu en perdras la tête. Un dilemme qui pourrait pourtant faire office de dernière chance, une façon qui avec chance, te fera monter dans mon estime. Je fixe la clope qu'il me tend, et, d'un dernier soupire, je l'accepte. Je l'allume, et tire un bon coup. Mon regard, amer, comme toujours, plonge dans le sien ; j'affiche un air grave. Je souffle ; une légère fumée s'échappe.
« Que comptes-tu faire, maintenant ? »